Un chef étoilé se met aux fourneaux d'un resto routier
Idéalement positionné sur la départementale 939 reliant Le Touquet à Arras, le restaurant routier "Aux Amis de la Route", dans le Pas-de-Calais, est une institution locale. À une époque, sur cette voie hyper fréquentée, le parking ne désemplissait pas, l'établissement attirant chauffeurs routiers et familles sur la route des vacances. Puis la crise sanitaire est venue mettre du sable dans la mécanique. Le restaurant eut alors toutes les peines du monde à absorber le choc jusqu'à ce que, n'ayant pas trouvé de parade à la pandémie, il baissa définitivement le rideau.
C'est là qu'intervient Sébastien de la Borde. Ce chef étoilé – une étoile verte du Guide Michelin pour son engagement envers l'environnement – est le maître-queux du restaurant "La Cour à Rémi" à Bermicourt et, pour aller tous les jours au travail, il doit passer devant le restaurant routier. Il remarque tout d'abord les fermetures anormales durant les week-ends après-Covid, puis, c'est la fermeture définitive du restaurant qui finalement le décide à réaliser « un vieux fantasme » comme il le dit. En pleine prise de conscience, le chef veut en effet se remettre en question et revenir à une cuisine populaire, « une cuisine très simple et très bonne à partir du produit ». Il rachète donc le restoroute.
Après 4 mois de travaux et un ravalement de façade complet, "Aux Amis de la Route" est de retour aux affaires. Le chef étoilé a cependant tenu à garder l'atmosphère originelle des lieux, avec nappes à carreaux sur les tables et ambiance bistrot à la bonne franquette. Le quotidien du chef est désormais fait de frites, d'andouillette, de saucisses au couteau et de potjevleesch (une terrine de viande en gelée), tandis que côté tarifs, on est très loin des prix pratiqués dans les restaurants étoilés : plat du jour à 12,50 €, menu à 17,50 €, œufs mayo à 3 €, les prix sont doux, mais la qualité y est.
En à peine une semaine d'ailleurs, le routier s'est déjà constitué plusieurs habitués conquis par ses plats goûteux, mais sans pour autant deviner que c'est un chef étoilé qui officie devant les pianos. De quoi assurer, déjà, une centaine de couverts chaque dimanche dans ce qui est, d'une certaine manière, l'une des tables étoilées les moins chères du monde. Reste maintenant à attendre que les chauffeurs routiers, encore frileux, reprennent leurs habitudes dans le restoroute, et, comme l'espère son nouveau propriétaire, le restaurant atteindra les 200 couverts durant les beaux jours.