Quand les fruits ne donnent plus de jus

Les amoureux du bon vin, les amateurs de bière et les fans de sodas ne connaissent pas ce problème, que dis-je, ce tourment que vivent les aficionados de jus de fruits. Aujourd'hui, à l'heure du tout numérique, où tout devient plus facile et plus rapide, il est quasiment impossible de boire une vraie boisson tirée de vrais fruits.

Vous allez me dire, quel rapport avec le numérique ? Aucun, sauf qu'on pourrait penser qu'à notre époque moderne, envahie par le bio, le sans gluten, sans phosphate et sans huile de palme, les jus de fruits puissent profiter de ce retour à l'authentique. Il n'en est rien. Alors que les restaurants nous promettent des produits frais et des petits plats fait maison, il rechignent encore à proposer des jus de fruits dignes de ce nom. Le retour aux valeurs traditionnelles ne profite pas aux amateurs des boissons naturelles.

Il faut vraiment se rendre dans un trois étoiles pour pouvoir commander (à prix d'or) un jus de fruit fraîchement pressé. Et encore, uniquement après s'être informé de la qualité du jus proposé, car le pressage sur commande n'est jamais garanti. Ailleurs, il faut se contenter de boissons industrielles, certes tout à fait buvables, mais qui ne rivalisent en rien avec un délicieux jus, pressé quelques minutes avant d'être dégusté. Car oui, un jus de fruit se déguste, n'en déplaise aux irréductibles assoiffés de boissons alcoolisées. Orange, pamplemousse, pomme ou raisin, un vrai jus s'apprécie tout autant qu'un bon vin.

Pour en profiter ailleurs qu'à la maison (sous réserve d'être l'heureux propriétaire d'une centrifugeuse ou autre blender), il faudra vous rendre à l'étranger, comme au Maroc où des marchands de jus s'étalent sur les trottoirs, ou encore à New-York où les vendeurs de smoothies envahissent les rues. En France, ces boutiques de smoothies commencent à fleurir avec parcimonie, généralement dans les grandes villes. Sinon, c'est dans les gares qu'on pourra trouver des kiosques à jus. Mais les restaurants s'obstinent à vouloir nous vendre des produits en bouteille.

La raison de cette absence d'efforts ? Et bien justement, ça demande un effort. Déboucher une bouteille de vin, tirer sur une pompe à bière ou ouvrir un robinet pour remplir une carafe, tout le monde sait (et veut bien) faire. Mais couper des oranges et les presser à la main, voilà une tâche probablement trop chronophage pour le personnel de service. Sans compter l'achat et le stockage des fruits. Il se passe avec les jus de fruits ce qui s'est passé avec les plats de la carte : les produits industriels ont pris toute la place. Espérons que le retour notable du fait-maison profitera un jour aux boissons naturelles, pour le plus grand bonheur des amateurs de jus frais.

Publié le 25/08/2015

Ça pourrait aussi vous intéresser

L'actualité de la restauration

Lecture gourmande