Pourboire suggéré ou imposé : la nouvelle méthode pour vous faire payer plus ?

Avec de plus en plus de paiements effectués par carte bancaire, le secteur de la restauration voit la tradition du pourboire disparaître peu à peu. Un manque à gagner pour les employés, que certains dirigeants d'établissements tentent de compenser avec la méthode du pourboire suggéré, voire imposé. Qu'en est-il de cette pratique qui fait débat chez les consommateurs ?
Pourboire suggéré ou imposé : la nouvelle méthode pour vous faire payer plus ?

Laisser quelques pièces après un bon repas au restaurant, quand le service et l'expérience ont été à la hauteur de nos attentes, peut se faire de manière spontanée. Car chacun est libre, en France, de donner un pourboire ou non. Toutefois, une nouvelle tendance s'installe peu à peu dans les restaurants européens, en se calquant sur le modèle américain : celle du pourboire suggéré. Voyons ce qui justifie cette pratique et pourquoi elle peut déranger certains clients.

L'incitation au pourboire, une pratique en pleine expansion

Selon l'endroit où l'on se trouve sur la planète, le comportement à adopter face au pourboire diffère. Il est attendu aux États-Unis (environ 18 % de la note), il est considéré comme offensant au Japon, et laissé au bon vouloir du client en Europe. Cependant, une pratique vient changer la donne depuis quelque temps en France, en Italie, en Espagne ou encore au Portugal, dans des pays à fort attrait touristique : le pourboire suggéré.

Il peut prendre plusieurs formes, soit celle d'une simple suggestion du serveur vous invitant à laisser une somme donnée, soit une incitation inscrite sur le terminal de paiement au moment de régler l'addition, vous invitant à laisser 5 %, 10 %, 20 % ou… rien. Sur la machine, chaque montant s'accompagne souvent d'un smiley, très souriant pour les pourboires élevés, faisant la grimace en cas de refus.

Dans certains restaurants, le pourboire est même imposé, au prétexte que le service n'est pas compris dans le prix. Sur le ticket, on voit alors s'ajouter une somme prédéfinie, à payer obligatoirement, qui correspond au pourboire.

Un changement dans les mœurs européennes qui n'est pas au goût de tout le monde. Alors que les prix augmentent sur les menus et que les restaurants automatisent leurs services à coups de QR code et de caissiers virtuels, le client doit-il être forcé à payer plus ?

Un système qui fonctionne… mais qui agace !

Les professionnels – patrons de café, de snacks ou gérant d'un restaurant – ayant adopté ce système, tout comme les fournisseurs de ce service proposant des terminaux de paiement avec logiciel de pourboire intégré, semblent unanimes : le montant de pourboire récupéré a augmenté.

Cela ne veut pas dire pour autant que les clients se montrent soudainement plus généreux. Pour de nombreux clients, cette pratique impose une forme de pression au moment de payer, car on se trouve face à l'employé qui nous presse de faire un choix. L'impression d'être obligé de laisser un pourboire est palpable et cela peut créer un malaise, voir un sentiment de culpabilité chez le client. Peu agréable, quand on vient de terminer un bon repas… Si les patrons affirment que rien n'est obligatoire, tout porte à croire que le système a été étudié pour créer cette confusion finale et faire en sorte que le client clique sur l'un des montants proposés.

Dans certains cas, les serveurs n'hésitent pas à se présenter à table en expliquant qu'il est de coutume de laisser un pourboire de X euros, selon la note, quitte à exagérer le chiffre. Une pratique dénoncée par les consommateurs et qui peut avoir un effet pervers : agacer et risquer de ne rien recevoir, alors même que la tablée avait prévu de laisser un pourboire.

Si le pourboire suggéré se diffuse autant dans les villes les plus touristiques, c'est aussi du fait de la mondialisation du tourisme. Des Américains en vacances à Paris, à Lisbonne, à Rome ou à Barcelone, laisseront souvent des sommes équivalentes à celles qu'ils ont l'habitude de laisser au pays, imposant sans le vouloir une nouvelle norme pour les autochtones.

Des avantages à cette solution ?

Pour relativiser la propagation de cette forme inédite de pourboire en Europe, et les critiques qu'elle amène, on peut trouver quelques points positifs au système.

Le secteur de la restauration peine à recruter, malgré des offres d'emploi parfois insolites, et savoir que le gain mensuel peut être augmenté par l'attribution quasi automatique d'un pourboire, partagé entre les employés, pourrait être une incitation supplémentaire pour les éventuels candidats.

C'est également une solution pour éviter les vols de caisse – tout est enregistré – et pour simplifier la répartition du montant final. Plutôt que de devoir compter les piécettes une à une, on effectue la division en un clic à l'écran et le montant est reversé à chacun de manière équitable, avec sa paie.

Il s'agit enfin d'une manière de renouer avec le concept même du pourboire, qui entre dans une forme de savoir-vivre et qu'il est (parfois) important de ne pas oublier.

Publié le 17/05/2024

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