Un vin blanc de 2000 ans d'âge découvert dans une urne funéraire romaine

Il y a 5 ans, à Carmona en Andalousie (Espagne), une famille découvrait par hasard une tombe enfouie sous sa propriété. Les fouilles ont révélé qu'il s'agissait d'une sépulture romaine, restée intacte malgré ses 2 000 ans d'âge. Si le monument funéraire est déjà un trésor en soi, sa contenance réservait une autre surprise aux chercheurs de l'université de Cordoue chargés de l'analyser.
À l'intérieur, huit niches funéraires dont six contenaient une urne. Dans l'une d'elles, en verre, les scientifiques ont trouvé des restes squelettiques immergés dans un liquide rougeâtre. Les résultats de l'étude de ce liquide ont démontré qu'il s'agissait d'un vin blanc, assez proche du vin de Xérès, un puissant vin traditionnel espagnol qu'on peut encore déguster de nos jours.
C'est le plus vieux vin jamais découvert et il détrône la bouteille de vin de Spire, trouvée en 1867 à Spire (Allemagne) qui daterait d'entre 325 et 350 après J.-C. L'urne de ce Romain contenait environ 5 litres du breuvage et l'on pourrait donc imaginer que les chercheurs aient goûté à cette antiquité œnologique, dont l'absence de toxicité a été confirmée par les résultats d'analyses. Mais l'archéologue principal, à qui revenait la primauté de l'essai, n'a pas osé tremper ses lèvres dans ce très vieux vin ! Il explique avoir des scrupules et une certaine appréhension, « car le vin a été au contact pendant 2 000 ans avec les restes incinérés d'un défunt », et que des résidus sont visibles dans le liquide.
Toutefois, s'il est filtré, il pourrait constituer une expérience unique pour un sommelier aventureux, à qui l'archéologue laisse volontiers sa place : « Je préférerais que quelqu'un d'autre l'essaie d'abord ».
Cette découverte fascinante a également permis d'en apprendre plus sur certains rites funéraires romains. Si cette urne contenait du vin blanc, d'autres étaient garnies de parfums, de tissus et de bijoux : la première est celle d'un homme, les autres celles de femmes, ce qui montre une séparation de genre dans les sépultures. Pour les Romains, ces éléments devaient accompagner le défunt vers l'au-delà et faire en sorte qu'il y parvienne sans ne manquer de rien.