4 000 menus présidentiels aux enchères pour découvrir les secrets des repas diplomatiques
Les dîners d'État ont une importance capitale, et on parle même de diplomatie gastronomique en évoquant ces repas de prestige entre chefs d'État. Une tradition qui remonte à Napoléon III (en 1868) et qui se poursuit de nos jours, dans les plus beaux palais et jardins français. Les menus, imprimés sur de la soie ou du papier précieux, sont décorés, parfois avec sobriété, parfois de manière plus excentrique, selon les goûts du président en activité. Cela en fait de véritables pièces de collection, autant pour ce qu'ils représentent et pour leur apparence que pour les anecdotes qu'ils évoquent.
Christophe Marguin, chef emblématique de la gastronomie lyonnaise, collectionne ces menus depuis 40 ans et il a décidé de vendre aux enchères les 4 600 pièces récupérées au fil des ans. De véritables trésors, pour les amoureux de la grande cuisine et pour les passionnés d'Histoire.
En effet, chaque page évoque les relations entre deux pays à une époque donnée, l'appétence ou l'aversion de certains dirigeants pour un plat ou encore le plaisir de rester attablé, qui varie au fil des époques. Sous le général De Gaulle, on restait environ 1 h 40 à table, contre seulement 45 minutes sous la présidence de Nicolas Sarkozy qui fera notamment retirer le fromage des menus, avant de voir réapparaître ce mets indissociable de la gastronomie française avec le président suivant, François Hollande.
À travers ces menus, on (re)découvre l'amour qu'avait Elizabeth II pour le foie gras, (quand son fils Charles l'a fait bannir depuis son accession au trône) ; les subtilités de la diplomatie via des plats évoquant la Russie (avec de l'esturgeon de Volga à la moscovite) et la Grande-Bretagne (avec l'ananas à la Victoria) sur le même menu de 1897, à une époque où la France cherche à se rapprocher de ces nations ; ou le faste du repas servi à 23 000 maires de France dans le jardin des Tuileries, à l'occasion de l'Exposition universelle de 1900, avec ses 2 tonnes de saumon et ses 39 000 bouteilles de vins.
La maison Millon chargée de la vente explique que les menus, estimés entre 10 euros et 1 500 euros pièce, se sont vendus en moyenne 70 % plus cher que prévu. Le lot regroupant les menus de Napoléon III est parti pour 2 500 euros, 20 lots ont dépassé les 2 000 euros et le montant total rapporté par cette vente aux enchères, première du genre, a été de 170 000 euros.