Le doggy bag va-t-il percer en France ?

Le doggy bag, littéralement "sac à toutou", est une pratique encore peu répandue en France. Si elle est apparue initialement en Israël dans l’immédiat après-guerre, alors que les survivants de l’holocauste avaient encore à subir de nombreuses privations, c’est aux États-Unis qu’elle s’est popularisée.

Les clients des restaurants emportaient initialement les restes de leurs repas pour leur chien (en tout cas, c’est de cette manière qu’ils présentaient leur demande). Mais avec le temps, c’est de manière assumée qu’ils finissaient chez eux la nourriture payée au restaurant mais non consommée. Aux USA, les portions sont énormes et nombreux sont les convives qui ne finissent pas leur assiette.

En Europe, et singulièrement en France, la pratique est encore très marginale : les rations sont plus mesurées et ce qui est servi est mangé. Une assiette non terminée signifie que le convive n’a pas apprécié le plat, ce qui est vécu comme un camouflet par le restaurateur. Par conséquent, le doggy bag a moins lieu d’être que dans d’autres pays dans lesquels la culture commande de remplir les assiettes de manière très généreuse.

Cependant, différentes enquêtes ont montré que le gaspillage alimentaire est élevé en France. On estime ainsi que 27% des aliments en restauration commerciale seraient jetés, dont 11% des contenus des assiettes. Des lois ont déjà été votées pour réduire le gaspillage au niveau des pratiques des restaurateurs. Un pas supplémentaire a été franchi avec l’adoption par la commission Développement Durable de l’Assemblée Nationale d’un amendement visant à obliger les restaurateurs à mettre à disposition de leurs clients des contenants pour emporter les restes non consommés des assiettes et des bouteilles.

Les restaurateurs sont perplexes. D’une part, l’idée d’avoir une obligation supplémentaire à remplir ne les enthousiasme pas. D’autre part, certains d’entre eux qui avaient pris les devants depuis plusieurs années ont constaté que cette pratique ne correspond pas à la norme culturelle française. Enfin, d’autres craignent avant tout les risques d’ordre sanitaire : si la chaîne du froid n’est pas respectée, le client risque de s’intoxiquer et d’en accuser le restaurateur. Néanmoins, le texte doit encore passer le cap de la commission des Finances et de l’ensemble des députés pour être adopté définitivement.

Publié le 13/05/2018

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