La vérité sur le droit de bouchon

La vérité sur le droit de bouchon

Le droit de bouchon est une pratique utilisée dans le monde de la restauration, qui consiste à autoriser un client à venir avec sa propre bouteille de vin dans un établissement. Séduisante pour le consommateur qui n’aura plus à payer sa bouteille à un prix déraisonnable, cette solution peut également être bénéfique pour les restaurateurs. Mais alors, pourquoi n’est-elle pas plus diffusée en France ?

Une pratique assez peu répandue

Le droit de bouchon est la possibilité d’emmener sa propre bouteille de vin au restaurant, avec l’accord de l’établissement. Face à cette faveur, le restaurateur vous demandera une sorte de petite taxe, souvent comprise entre 5 et 10 euros par bouteille. Cela compense le manque à gagner par rapport à l’achat d’une bouteille dans l’établissement ainsi que le service qui l’accompagne : ouverture de la bouteille, mise au frais, utilisation des verres et nettoyage de la vaisselle.

L’idée est alléchante, surtout quand on connaît les prix des bouteilles de vin vendues dans les restaurants. La France est l'un des pays où la marge sur le vin est la plus grande et donc la plus rémunératrice en restauration. En moyenne, le prix de vente serait 4 fois plus élevé que le prix d’achat au producteur (contre 2,5 fois dans les établissements de nos voisins européens).

Les seuls bénéfices engrangés par le vin représentent environ 40 à 45% des bénéfices totaux, dans un restaurant gastronomique. Pour les plus petites structures, c’est certes moins, mais le vin reste un élément-clé de la note. Est-ce pour cette raison que le droit de bouchon est encore très rare en France ?

Règles, avantages et inconvénients

Le droit de bouchon est un usage, qui n’est régi par aucune loi. De ce fait, c’est à l’unique discrétion d’un patron de restaurant de choisir si oui ou non un client pourra apporter sa bouteille de l’extérieur. Il pourra alors lui demander un supplément pour l'ouverture de la bouteille, d’un montant défini à l’avance.

Certains affirment que c’est une façon optimale d’attirer une clientèle plus jeune, moins disposée à dépenser 50 euros dans une bouteille de vin correcte, et que l’économie réalisée sur le vin se répercute sur d’autres achats : les apéritifs, les plats choisis... C’est aussi une façon de ne plus s’embarrasser d’une cave à vin énorme, et même, en poussant le concept jusqu’au bout, de ne plus payer de licence pour vendre de l’alcool.

En face, les opposants pensent qu’une bonne cuisine doit s’accorder avec le bon vin et qu'apporter une cuvée quelconque est un manque de respect pour le cuisinier. D’autres craignent que la clientèle profite du lieu sans consommer, alors que les syndicats estiment que les charges patronales les obligent à pratiquer ces tarifs sur le vin. Le concept stagne donc en France, alors qu’il est déjà bien connu à l’étranger.

Le BYOB pour les intimes

A l’instar du Doggy bag qui ne prend pas chez nous, le droit de bouchon reste très minoritaire. La pratique est courante pour les mariages ou les buffets, quand le client souhaite s’occuper du vin, mais son usage en restauration est encore minime. Pourtant, le Bring Your Own Bottle (Apportez votre propre bouteille) est un concept répandu en Nouvelle-Zélande depuis la fin des années 1960, ainsi qu'aux U.S.A, et qui est même très populaire à Londres !

On sait que le monde du CHR peut être figé sur ses positions mais développer cette tendance en France semble être une idée totalement en phase avec la période, avec des Français tiraillés entre l’envie d’économiser et celle de profiter de la vie.

Publié le 30/11/2018

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